Les différents cuir, comment les identifier ?
Cet article va faire appel à vos sens. Toucher, regarder, sentir. Vous allez devenir incollable en origine du cuir. En complément de l'article sur la fabrication du cuir, vous découvrirez encore ici des techniques comme le grainage ou la teinte, vous tenterez de reconnaître le vrai du faux . Vous comprendrez comment est obtenu le daim soyeux, comment on imite les écailles d'une peau de python ou de crocodile depuis un cuir de veau.
Et quand on parle d'origine, on vous parle aussi des animaux, là ou tout commence.
différents cuirs
Sommaire 1.1 La qualité passe par l'imperfection 1.4 La couleur 2. L'animal 2.1 Le cuir d'agneau 2.2 Le cuir de vache 2.3 Le cuir de veau 2.3 Les autres cuirs |
Le vrai du faux
Avant de parler de la nature du cuir, son animal d'origine, parlons de faux cuir, d'imitation en matériaux synthétiques. Bien moins onéreux, ils sont aussi de bien moins bonne qualité.
La qualité passe par l'imperfection
Le cuir est le résultat du traitement des peaux animales. La nature, si parfaite soit-elle, nous donne aussi sa marque d'irrégularités. Une véritable peau se regarde à la loupe pour y trouver ce qui trahit son vécu. La vie de nos chères bêtes marque l'exposition à toute sorte d'agressions et de rencontres plus ou moins douloureuses : Griffures, stries, cicatrices, creux, bosses, tout est bon. Ça sent le vécu !
Et souvenez-vous que les poils se sont nichées dans la peau, à travers la surface qui en garde le souvenir.
un poil dans l'épiderme
Le bord du faux cuir est parfait, sans fil, sans aspérité. Bien qu'il existe des techniques de finition des tranches à chaud, le vrai cuir va montrer sa tranche animal, sans ambiguïté. Les créations AnneCecileCreation choisissent ainsi d'exposer la vraie nature du cuir.
une tranche de cuir sur un portefeuille CREATIONACC ®
Le test de l'étirement
tissu imitation cuir
Le cuir vieillit bien. Vous connaissez l'expression. Et quand on vieillit, on a des rides. Voila un bon moyen mémo-technique pour se souvenir que des rides doivent apparaître sur les parties du cuir qu'on triture. Un faux cuir synthétique ne se pliera pas facilement, il ne changera pas de couleur sur la pliure. Le tissu synthétique se plie à vos manipulations sans plisser, contrairement à la peau naturel, la votre par exemple. Faites le test, pressez la sur votre main.
Les rides, marque naturelles du temps
L’absorption du liquide
Votre peau n'est pas étanche. Celle des animaux non plus. Le faux cuir en synthétique, lui, n'est pas poreux. Résultat, le liquide glisse dessus sans équivoque sur sa nature artificielle.
Il existe des traitements pour rendre le cuir imperméable. Qui n'a pas entendu un vendeur de chaussures vous demander à la caisse si vous aviez "ce qu'il faut" pour rendre imperméable le cuir ? Parmi les produits que j'utilise, "Ultra Protec" de la marque "Beaume de vie"® est vraiment efficace.
Cuir de chaussures imperméabilisé
La couleur
Faisons simple, la couleur n'est pas du tout un bon indicateur, on teinte autant le vrai que le faux cuir , toutes les couleurs sont admises.
La teinte du cuir, comment on fait ?
Grâce au corroyage et au finissage et à la patine, les dernières étapes de préparation/fabrication, le cuir que vous aimez prend sa teinte et sa souplesse .
La Patine : La patine correspond au vieillissement, mécanique ou chimique. Dans le cas du cuir, on reconnait un certain avantage esthétique à porter du cuir d'un certain âge. L'industrie s'est alors penchée sur les solutions pour accélérer cette action du temps. Nous ne serons pas exhaustif, un prochain article pourquoi pas.
Exemple de patine chimique : On commence à l'acétone, un solvant puissant pour décaper le cuir, au cas où il serait imperméable. Au pinceau ou en cuve comme à Fes au Maroc, les couleurs jaillissent.
Les teintures à FES au Maroc.
L'animal
Petit bestiaire animalier pour identifier les caractéristiques naturelles de chacune de leur peau. Malheureusement, ces caractéristiques ne seront pas toujours suffisantes pour trancher sur la nature. L'épaisseur seule ne trahit la provenance, pas plus que l'aspect plus ou moins lisse. Les différents traitements masqueront souvent l'origine de votre cuir. Les menuisiers se trompent bien sur la nature du bois. A moins d'avoir un microscope pour révéler la structure de l'implémentation des poils, les chapitres suivants ne seront pas décisifs. La règle c'est la combinaison, la superposition des connaissances pour permettre de mettre un nom sur l'animal.
Le cuir d'agneau
Agneau
Les peaux sont moins grandes que celles d'une vache. Les motifs s'imbriquent et sont légèrement moins uniforme.
Lisse et colorée, souple, douce au toucher.
La peau de cet ovin peut-être traitée de différente façons, mais aucune exclusivité en la matière. On peut aussi appliquer la recette aux autres essences de cuir : ceux des autres ovins (brebis, moutons), bovins (veau, vachette, taurillon, taureau, buffle, bison, ...), caprins (chèvre, chevreau, bouc, chamois, renne, cerf, caribou), porcins (famille du porc).
Parlons tout de suite de 2 de ces traitements, plus souvent appliqués à l'agneau en tannerie : Le grainage et le traitement NAPPA.
Le cuir d'agneau grainé
Cuir grainé, source jacquesdemeter.fr
Aussi appelé foulonné, ce traitement permet d’accentuer à la vapeur le grain naturellement régulier, un traitement qui permet de créer un relief, et d'accentuer le grain et certaines couleurs comme le rouge ou le bleu. Plutôt que de technique, il s'agit plutôt de recette. Chacun y met son savoir-faire, sa méthode.
Autre pratique courante, ce sont des presses chauffées à 80°c, sous forme de rouleaux ou de plaques qui serrent très fortement le cuir contre un patron à motifs (petit grain, gros grain, etc..)
La petite histoire dans la grande histoire.
Comme souvent dans l'histoire de l'artisanat, il s'agit plus d'une découverte que d'une invention. On raconte 2 histoires, à chaque fois en Ecosse :
On découvrit que l'impression du motif du sol sur le cuir pressé d'un poids conséquent était irréversible. Son tanneur avait beau l'étirer, le relief était bien définitivement inscrit dans la matière. Un mal pour un bien car le succès de cette peau ne tarda pas à se confirmer.
Une autre histoire raconte que les tonneaux à Whisky (ou Whiskey pour les Irlandais) ont permis de mettre en évidence une réaction chimique avec l'orge. Ou comment le grain d'orge donna naissance au grain du cuir.
grains d'orge
cuir d'agneau nappa / voilé
Un traitement supplémentaire appliqué en surface de le protéger de l'usure, des UV voire de la pluie. Il est moins naturel que le cuir plongé (qui est immergé pour être teinté dans la masse, un traitement réservé aux plus belles peaux d'agneau).
Cuir agneau nappa, source decocuir.com
Le cuir de vachette
Épaisseur, régularité du grain, aspect uniforme et brillant. On dit de ce cuir qu'il est brut. Préféré dans la confection de blousons, il se patine bien.
En général, un cuir est assez fin, entre 0,5 mm et 3, voire 4 mm pour le buffle, 8 mm. Le cuir de vachette (vache ou bœuf, c'est à dire un taureau castré) se situe autour de 1,5 mm. Avec ce cuir de bovin, on cherche la durabilité et la résistance. Il est aussi très utilisé du fait qu'il est abondant.
Cuir vachette
Le cuir de veau
Le veau : Entre le cuir d’agneau, flexible, doux, et le cuir de vachette, résistant à l'usure, le cuir de veau prend le meilleur des 2 types de peau. Utilisé pour les souliers ou la petite maroquinerie, souvent traité en pleine fleur , la meilleure partie (cliquez pour retrouver la définition). Des tanneries se spécialisent sur le veau pour ses qualités qui intéressent l'industrie de la maroquinerie. Toutes les chaussures ne profitent pas du veau pleine fleur, l'industrie exploite souvent la croûte de cuir, côté chair. Cette partie, plus fragile à l'usure, se tanne aussi de façon moins homogène.