Les tabatières anciennes : de la porcelaine au cuir

Anne-Cécile tabac
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En s'intéressant à la tabatière, cette accessoire de tabac, j'ai découvert que l'histoire de cet objet s'inscrivait aussi en Bretagne, ma région, dans la tradition de la manufacture de la porcelaine. Cet objet a pris presque toutes les formes et a été fabriqué par tous les matériaux. Autant pour sniffer que pour bourrer sa pipe, cette boite ancienne a trouvé plusieurs usages. Au XVIIIe siècle, l'objet promettait de se distinguer avec élégance, au point même de prêter au tabac des vertus médicinales. L'objet raconte ainsi une partie de notre Histoire. Je vous invite à une fumeuse histoire.

 

 tabatière en cuir creationacc

Tabatières en cuir creationacc


 

Sommaire


1. Les différent noms de la tabatière

2. Les matériaux de la tabatière

3. La forme des tabatières

4. La tabatière, objet d'élévation de classe

5. La tabatière en musique

6. La tabatière et le soldat

 

 

Les différents noms de tabatières

 

Les salles de ventes et antiquaires voient circuler beaucoup de "Snuff box", ce qui signifie littéralement boite à sniffer. Ainsi le terme anglais pour tabatière nous indique que l'usage principal de cet accessoire n'est pas celui auquel on pense. Ni pour fumer des cigarettes, ni pour tirer sur sa pipe, la poudre qu'on y stockait était "sniffée" par le nez. La blague à tabac ou la trousse à pipe sont plutôt réservés à l'usage du tabac brûlé finalement.  Parmi les plus anciennes, certaines ont une forme toute particulière : la secouette est aussi appelée "touine" (terme normand) ou encore "pétunier" (issu de "petun" qui en langue parlé devenait petunier,  qui signifie tabac). Les spécialistes, parmi lesquels les collectionneurs (buxidanicophiles), vont diront qu'il existe aussi des termes pour chaque forme. 

 

En porcelaine, en cuir et autres matériaux

 

 tabatière louis XV

Boite en métal pour fumeur de pipe

 

On en trouve en noix de corozo, chemise coton recyclage en étain, en ivoire, en terre cuite (en Normandie surtout), en verre, en fer, en porcelaine, évidemment en cuir comme chez CREATIONACC, en tissu, en bois de buis, voire en écorce de bouleau, en laiton et même en coquillage ou en  corne  .... la liste des matériaux est sans fin.

C'est ici qu'on trouve l'explication de l'origine du nom donné à ses collectionneurs : buxidanicophiles. Le mot dérive directement d'un terme latin qui signifie boite en buis : « buxida ». Le même bois de Buis qui sert aux pipes (voir notre article sur la fabrication des pipes) est utilisé dans les premières boites à tabac, vers le XVII ieme siècle. 

 

 

La forme des plus anciennes

 

 papier rizzla

Faite en corne

 

 

Elle n'a pas toujours eu la forme d'une boite avec un couvercle. Les plus anciennes avaient la forme d'une poire avec un trou à leur extrémité, fermée avec un bouchon en liège. Pour se servir et extraire la poudre, il fallait secouer. On les appelait donc des secouettes. On en trouve principalement en Bretagne, surtout au XIX siècle. De nombreux modèles nous survivent car fabriquées en porcelaine par la manufacture de Quimper. Les ventes aux enchères proposent régulièrement des secouettes, jusqu'à cette émission TV en 2019, "Affaire conclue". On y apprend aussi que les marins préféraient le secouettes aux blagues à tabac. 

La forme de poire des secouettes n'est pas systématique. Parfois elle prenaient la forme de personnages. 

On en trouve aussi en forme de coquille saint-Jacques en argent massif sous Louis XV.

Un accessoire d'élévation de classe

 tabatière louis XV

Noble sniffant du tabac

 

Il est indéniable qu'au XVIIIieme siècle, sortir et manipuler une boite à tabac sur la chaussée vous donnait l'assurance des classes élevées de la société.  Question de moyens donc, les premiers fumeurs étaient nobles.  A cette époque, les boites étant utilisées par des sniffeurs. On ne parle pas encore de fumeurs. Souvent utilisée pour le tabac à sniffer, priser, on donnait aussi des vertus médicinales à la poudre qu'on y stockait.

Je n'ai pas trouvé l'origine de l'expression "être prisé", mais à y réfléchir, il n'est pas exclu qu'il existe un lien : rappelons que priser signifie "Donner du prix", "apprécier", "estimer"..... On peut dire que la tabatière était prisée des bourgeois.

Un chineur trouve aujourd'hui facilement cet accessoire de fumeur, datant principalement du XVIII siècle. De matériaux nobles comme l'ivoire, il nous est parvenu ainsi moins dégradé.  

En chanson

 

C'est au début du XVIIIieme siècle que l'art populaire s'approprie l'objet dans la fameuse chanson "j'ai du bon tabac dans ma tabatière". Chanson populaire qui accompagne un objet d'époque.

Les paroles :

la chanson j ai du bon tabac

 

parole j'ai du bon tabac dans ma tabatiere

 

Les mélomanes classiques ont peut-être entendu un jour du compositeur Russe Anatole Liadov , peu joué hélas, "Musical Snuffbox" en la majeur op. 32, une tabatière à musique en Français. 

L'accessoire et le soldat

 gauloises

Gauloises Caporal

 

De précieux, l'accessoire est devenu courant, jusqu’à faire partie du paquetage du soldat, pendant les guerres mondiales, mais aussi sur les précédentes.

Un site sur les briquets des poilus, qui parle aussi des tabatières militaires, dès le XIX siècle. On y voit Napoléon en 1910 avec sa tabatière. : https://briquets-poilus.skyrock.com/3292493904-Briquet-artisanal-secouette.html

Les boites contenaient d'ailleurs aussi du tabac à priser (tabac qui ne fume pas mais se chique).

Un site intéressant sur les accessoires du tabac dans l'armée : http://www.symboles-et-traditions.fr/articlesmembres/targui/tabac-accessoires/page-tabac.htm


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A propos de l'auteur

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Anne-Cécile, créatrice, autodidacte, adepte du "faire-soi-même", entrepreneuse et humaine.

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tabatière en cuir
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